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L'indicible parfois, l'esprit écrit, oh si !!

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A Die, je suis témoin du mariage des verts lointains, des roches et sédiments, les contrastes sont prenants, de chaleurs, aux brises d'altitudes, à la dérobée du monde, le temps pense mes idées qui s'étalent sur les plages de galets.
De voir, sentir s'éloigner les gestes bien rodés, le corps se leste des regards aux chaînes montagneuses, champs de lavandes, revêtements parfaitement granuleux de la piscine aveuglante, jusqu'aux simples moucherons dans leurs bains de lumières.
Tout s'étale en tartines sucrées, tant, si bien qu'on y ressent alors des amertumes inattendues. De celles qui remontent, de petits quotidiens soudains qui éclatent piquants en bouche, tout comme des enfermements de circonstances.
Alors s'exacerbent toutes les nuances de rien, dans ces silences de nature bien vivante, tout devient un événement qu'il faut savourer dans un décor plein, entier. Profiter de sa solitude dans l'essaim, échanger ses ressenties de l'instant terrestre, et prendre l'air de toutes les essences de vies d'avant, présent, en dedans.
Le soleil dans un dernier effort perce le feuillages pour irradier mon torse d'une lumière apaisée, pour me dire que tout se résout naturellement, soi même sans en comprendre le sens.

Ce matin nous a poussé au marché des artisans et producteurs du Diois.
Et nous voilà, en transhumance d'un stationnement improvisé devant la gendarmerie vers le cœur battant de couleurs, d'envies aux produits, d'odeurs en pointillés, suivant le parcours file indienne, arrêt air des saveurs, des lièges et brillants.

Le rythme est lesté en réveil de chaleur, des instruments chantent aux intersections, le patchwork des stands ravive le calcaire de la cathédrale austère, les tissus sont fins et colorés d'Orient.
J'essaie de me plonger dans l'engouement de l'artisanat, de l'original local, voir des créations bancales, mais je ne sais pas m'arrêter, me laissé haper par une matière, un motif, tant il y en a.
L'étalage enlève la surprise, la découverte inattendue. Mon précieux est enfouie, il ne m'appelle même pas, tant il est perdu dans l'immondice, la rencontre ne peut avoir de saveur dans ce plat préparé au carré de cette place.
Je survol, zig zag, et une chose me fera sortir de ce marasme : l'instinct pour reprendre des forces. Les troupes se regroupent et l'assaut est lancé. Légumes, fruits, et un beau poulets grillés seront le gage de cette sortie réussie en ayant l'illusion d'avoir profité un peu du reste des produits. Nous rentrons victorieux pour un repas et en ayant résisté aux autres tentations, sans difficultés pour moi.

Le déjeuner arrive pour apaiser les petits maux face aux objectifs qui sont multiples, selon les ambitions.
Ambre n'a qu'une obsession : revenir au camping le plus tôt possible dans l'après-midi pour retrouver ses copines à la piscine. Et l'humeur de mademoiselle est dans la complainte, car ses parents osent vouloir randonner deux jours successifs. Alors le déballage des prospectus de l'Office de tourisme vire à un comparatif des temps de trajets voiture, de randonnée, de critères à l'appréciation très subjective.
Bastien lui, tient son objectif carré dans sa main, un nouveau 4x4, à coup de tuto YouTube, de schémas 3D chrono algorithmique, la moindre seconde est exploitée pour avancer, mais il suivra le rythme imposé sans sourciller.
Tandis que les lamentations perlent après le repas, la destination est tranchée : ce sera les "fayards de chironne", en partant juste avant le tunnel du col du Rousset, nous emprunterons le chemin de la via ferrata qui y mène ensuite. Arrivés sur le parking, d'emblée la vue est déjà sans concession de verts et monts rocailleux qui annonce la pente qui nous est destinée.
La petite malheureuse sait bien que maintenant, il faut s'employer. Nous avançons alors tranquillement sur l'inclinaison qui démarre modérément. Feuillages, fleurs, papillons jalonnent le début du parcours quand nous atteignons le flanc de la falaise. Se présente alors, taillé dans la roche, une ancienne voie romaine, corniche avec son muret à tomber des hauteurs vertigineuses.
Sous nos pieds, de côté, rien que du minéral, brut. L'ascension se ponctue par une vue en belvédère et alors se termine avec un panneau sensibilisant aux pratiques respectueuse de l'environnement tout en tombant sur une clairière.
Celle-ci, semblait posée là, pour basculer dans un végétal suspendu. Un calme ; non un silence qui nous interrogent alors que nous sommes encore pris de mouvements. Tout se fige, ralenti dans nos yeux qui tournois dans cet oval prairie, et juxtaposé une pente douce de hêtres sereins.
Le plus majestueux de tous, pose une branche massive presque au sol pour inviter à l'escalade.
Bastien s'y prêtent, alors qu'Ambre qui profite enfin du lieu, préfère l'abattage de branches. Je relève le fait qu'il n'y ait aucun bruit, nous nous stoppons de tout.
Gestes, paroles, nous tendons l'oreille et alors doucement, la brise, de petits paillements, la nature s'anime à nouveau, comme si elle avait retenue son souffle à notre arrivée et que voyant notre simple émerveillement, elle décide de se dévoiler entièrement. L'instant est une naissance, la vie qui continue.
Nous profitons un temps de cette grâce et décidons de poursuivre à travers les hêtres pour cheminer, ombragés avec la roche qui s'efforce tant bien que mal, de compliquer la sensation sous nos pieds. Mais rien, n'y fait notre progression tend vers une forêt d'altitude, clairsemée.
La pente demeure raisonnable, la petite rebelle aussi, même si le temps est de nouveau interrogé.
S'offre alors, une vue plus dégagée, et lumineuse. A droite en perspective, le flanc herbacé et strié encore de quelques calcaires. Droit devant, se déroule un tapis moelleux et verdoyant. Sur la gauche, cette impression d'un massif différent. Des espaces clôturés vides, qui précédent alors un véritable chalet de berger, version 21 siècle, panneau solaire, cloison bois et aluminium, posé au milieu du vert pâturage ; des Pyrénées dans le Vercors.
Nous distinguons alors la crête de ce décor paisible, dernier objectif pour motiver les troupes. Arrivé enfin, en récompense, se dévoile une autre vallée, et la pause goûter bien méritée, tout autant que le rappel au retour sans tarder à la piscine de notre nouvelle cascadeuse des bassins aquatiques.

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Mémé, mami, te voilà partie, envolée, et repose ton esprit dans la mémoire de chacun de nous. A nos souvenirs de toi, je vais tenter de te mettre dans la lumière, dans le regard que mes proches te portaient. Étant l'aîné, je peux de mes souvenirs, sensations, remonter à Ginette dans sa Relette.

Nous arrivions ces étés, je ne sais pourquoi avec cette impression qu'il y faisait toujours beau, peut être du fait de la caméra de mon père qui laisse sur bandes des instants précis. Mais malgré tout c'était l'été, et l'air était aux grands espaces, les champs, et cette ferme dans son jus qui de mes yeux enfantins était une pierre pleine de recoins, de curiosités, de matières à terre crue, jusque dans la cuisine, salle à manger. C'était cela, la Relette, le minéral, le végétal et le vivant. Toute la nature qui t'embrasse sans retenue.

Et, celle-ci évidemment, passait par les animaux. Ces êtres auxquels tu devais tout, auxquels tu donnais tout avec pépé. J'écris maintenant cela avec, je crois évidemment davantage le regard de papa, mais mes souvenirs s'en trouvent glorifiés. L'endroit que je préférais, était cette petite mare, juste en face. Elle me laisse une image d'enchantement. Je m'y posais et observais, écoutais les croassements de petites grenouilles, un concerto pittoresque pour moi, le gamin parisien qui traînait en forêt. Mais; ici; c'était la ferme des animaux.

L'abreuvoir au milieu, où se croisaient à l'heure de pointe, vaches, poules, je me retrouvais entouré de "cotecote", de pas lourds martelant la pierre, d'odeurs puissantes et vraies. Ah ça envoyait du pur, du sans pour sueur, qui te coulait dans les veines au labeur.

Et puis il y avait ces promenades à sortir les vaches, voir les chevaux auxquels vous attachiez la plus grande affection, encadrés dans les salons et le chien "barron", la grange avec le foin dans lequel je m'allongeais à rêvasser, le tracteur rouge à côté. Et ta voix aiguë à t'entendre encore m'appeler au loin. Et cette onomatopée, si caractéristique qui nous faisait rire, que nous mimions entre frères et sœurs. Ce "boute" comme pour lâcher prise d'événements, à exhorter le futile. Ce son qui ponctuait tes phrases, on aurait dit presque un verbiage animal, qui appelait à rester simple, sans se compliquer la vie. Car celle-ci était entière, sans retenue, juste tout donner pour la ferme, au détriment même d'un peu de sa santé. Les animaux avant tout qui te donnaient instinctivement tout.
Et puis l'âge avançant, il fallait laisser cela derrière, s'installer alors à Vendoeuvre et vivre de cette petite retraite. L'essentiel était là, ton mari, les poules, des lapins, le jardin et la mare à côté.
Alors nous venions, envahir ce plus petit espace mais dans lequel tout était à sa place, chaleureux, avec davantage de confort que la ferme. Tu nous accueillais bras ouvert avec un bon repas qui finissait souvent par une tarte aux mirabelles juteuses dont papa raffole. Il y avait les goûters ou les gâteaux secs s'étalaient dans les assiettes. Tu nous relançais à les finir à tout prix "Allez vas y, prend".
Et ce jardin dans lequel je ne cessais de me mesurer à la corde à linge tendue entre 2 poteaux en béton. Je me souviens encore du lapin, assommé, auquel tu as ôté le pyjama, chaire à vue, toute l'authenticité du geste ou rien ne se perd, même si cela ne faisait jamais plaisir, il fallait le faire.

Et puis un jour, ce talent qui m'apparaît à la brûlure de ma sœur, tu pouvais apaiser la douleur, éteindre le feu comme il se dit. Cet instant était pour moi, comme un spectacle de magie. Totalement fasciné, mais incrédule de mon esprit cartésien qui se forgeait, je jubilais de te voir dicter des incantations en latin du bout de l'aiguille au dessus de la brûlure. Je ne pu m'empêcher de rire et tu m'incita vivement d'un " Mathieu " à sortir de la pièce, ce que je fis aussitôt.

Ah, tu avais, du caractère, de la vivacité, de la ténacité. Et puis pépé s'en est allé, tu es restée courageuse et de nous voir à chaque fois, heureuse. Les discussions en grandissant venaient, tu partageais, donnais tes ressentis souvent nets, à parler de la famille, des petits petits enfants qui venaient peupler tes étagères, et grandissaient de chacun leurs caractères, hérités à coup sûr, selon toi.
Et je suis persuadé qu'en chacun de nous, il y a un peu de toi, de gentillesse, de simplicité, de force à affronter les événements.

Alors je ne suis pas le mieux placé de part mon côté lunaire, et je ressemble à ma mère, oui ok, un peu ; mais pour le supporter de ma hauteur, la tête dans les nuages, il me faut toujours garder les pieds sur terre, ne pas se plaindre et avancer en savourant chaque instants simplement, à ta manière.

Merci donc, de ton esprit à montrer une façon de vivre, que certains dans ce monde turbulent, quelque part cherchent à retrouver.

Je t'embrasse, repose en paix, tu le mérite grandement.